°cent quarante°

Ombre portée.

A Bern, les yeux bleu métallique du grand professeur polonais me reconnaissent et me demande si je suis prête à passer trente minutes plus tôt dans la salle d'examen.
Les doigts tremblent, l'esprit s'en va dans une muette prière, celle que je n'ai plus eu le temps de faire avant de me retrouver sur le tabouret.
Trois messieurs souriants et très bons, la peur pas encore dissipée, mal contenue dans ma voix qui répond aux questions.
L'un me demande si j'aimerais aller chez un professeur particulier, l'autre s'inquiète que ce que je ferai si je n'étais pas prise. Et je sais bien que c'est l'autre qui a raison.
Un déchiffrage, une petite pièce de Schumann, si simple, si apaisant. Et déchiffrer en public devient un jeu d'enfant.

L'histoire de la musique, les rires face au déboires de la musique aléatoire. Le professeur dit que Ligeti était l'élève de Veress. La salle d'examen s'appelle Saal Veress - j'ai refermé la boucle.